L'éducation au Mexique

 

Le système éducatif est un des points essentiels pour le développement d'un pays puisqu'il prépare son avenir. Au Mexique, depuis le début du XXème siècle, les gouvernements successifs tentent d'en créer un digne de ce nom. C'est un véritable challenge dans un pays de 100 000 millions d'habitants, où la population croît très vite (70 millions en 1980) et est jeune puisque 58% a moins de 25 ans.
 

L'école de Tziscao, village du Chiapas

Pour encadrer ces jeunes, l'Etat a fait construire des écoles. En 1900, on n'en comptait moins de 10 000 dans tout le pays pour accueillir quelques 700 000 élèves. Aujourd'hui, il y a presque 100 000 écoles pour 14,8 millions d'élèves. Des écoles ont été installées dans tous les petits villages, même les plus reculés. Dans certains, ce sont les villageois qui ont créé leur propre école locale pour protéger leur langue, en l'enseignant aux enfants.

 
Ces établissements ont permis d'augmenter le taux de scolarisation, c'est-à-dire le nombre d'enfants allant à l'école en comparaison du nombre d'enfants en tout. Aujourd'hui 100% des enfants vont à l'école grâce à une loi de 1992 qui a rendue responsables les parents de la présence de leurs enfants à l'école. Dans les écoles où nous sommes allées, quand un enfant est absent, les parents sont convoqués pour justifier leur absence. Cette loi doit permettre d'éviter le travail des enfants. L'école est obligatoire jusqu'à 14 ans. Pourtant 18% des enfants âgés de 12 à 15 ans travaillent.

Des petites filles vendent des fruits et légumes au marché de San cristobal (Chiapas)
 

Chacun a son livre

Il s'agit maintenant de fournir une éducation de qualité. Au Mexique, il y a un programme d'éducation commun à tout le pays, puis chque région l'adapte à ses spécificités. Toutes les écoles fournissent des livres aux enfants.

Pourtant, on a parfois eu l'impression que l'enseignement n'offrait pas le minimum d'instruction nécessaire. Dans notre classe de Dzitnup, il y avait 25 enfants âgés de 8 à 11 ans. Seuls 3 savaient lire et écrire des phrases. Les autres savaient lire et écrire des mots ou recopier des phrases. 3 autres ne savaient pas écrire.

 
 

Les statistiques nationales reflètent ces grandes tendances : 10% de la population de plus de 15 ans est encore analphabète, contre 25% en 1970. Ces chiffres cachent des inégalités énormes.
Dans les Etats riches du nord, il y a moins de 5% d'analphabètes. A l'inverse dans les Etats pauvres du Sud (Chiapas, Oaxaca; Guerrero), ce taux est supérieur à 23%. Cela signifie que presque une personne sur 4 ne sait pas lire. Et il s'agit plus souvent des femmes. En moyenne nationale, 12% des femmes sont analphabètes contre 8% des hommes. En zone rurale, les filles sont encore incitées à rester à la maison et certains parents (eux-même analphabètes) ne considèrent pas l'école comme essentielle.

Même si 100% des enfants vont à l'école, seuls 85% atteignent la 5ème année (CM2).


Mais la classe peut être interrompue par des visites sans que sela dérange...
 
 

La salle de classe moderne de l'école privée de Gudalajara

Quand on voit ces inégalités, on imagine bien que selon les régions, les enfants ne fréquentent pas les établissements secondaires (collèges et lycées) et supérieurs (universités) de la même façon. Actuellement le ministère de l'éducation publique mène une très grande campagne pour inciter les jeunes à poursuivre leurs études. Cette "promotion" est beaucoup plus visible dans les villes qu'en zone rurale.

Le nombre d'étudiants à l'université est passé de 75 000 en 1960 à 1,7 millions en 2000. Mais, 87% de la population de plus de 18 ans n'est pas allée à l'université. En effet, les études supérieures se font souvent dans des établissements privés que les plus démunis ne peuvent pas payer. Il faut rappeler ici que 10% des foyers mexicains se partagent plus de 40% des richesses nationales. Ce sont ces familles qui ont les moyens d'envoyer dans des établissements privés de qualité et même dans des universités nord-américaines.

 
 
Cette tendance ne favorise pas le développement des structures nationales publiques. Les lois ne permettent pas de diminuer les inégalités qui sont produites par la société actuellement. En effet, en délégant les budgets de l'éducation aux régions, depuis le milieu des années 80, l'Etat laisse les régions les plus riches se développer et les plus pauvres restent dans leur misère, confrontées à des problèmes insolubles, sans aide extérieure (celle de l'Etat par exemple).
Ces inégalités sont frappantes dans un pays où 5,3% des richesses (PNB) sont destinées à l'enseignement, ce qui est élevé au regard de ce qu'il se passe dans d'autres pays d'Amérique Latine comme l'Argentine (4,5%) ou le Chili (2,9%).

Le luxueux jardin du SEP (Secrétariat à l'éducation publique)
 
 

Enfant du village d'Angahuan (Michohacan)
Même si le Mexique s'est donné des structures pour fournir une éducation à tous, le challenge est aujourd'hui de produire un enseignement de qualité. Les inégalités à l'école se retrouvent directement dans la société. En observant le fonctionnement actuel du système, on se demande comment les 20% les plus pauvres (qui contiennent les 20% d'analphabètes et les 15% qui ne sont pas allés à l'école plus de 5 ans), vont arriver à augmenter leurs richesses, qui aujourd'hui, ne représentent que 4% de celles du pays.